Pourquoi l’abandon des notes et le suivi scolaire par les compétences couleurs à la rentrée 2018 ?

1) Car, depuis la rentrée 2016 en France, l’enseignement dans les collèges est construit à partir de compétences.

Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture définit les compétences basées sur des connaissances qui doivent être acquises à l’issue de la scolarité obligatoire. Il s’articule autour de cinq domaines :

  • les langages pour penser et communiquer
  • les méthodes et outils pour apprendre
  • la formation de la personne et du citoyen
  • les systèmes naturels et les systèmes techniques
  • les représentations du monde et l’activité humaine

La maîtrise du socle s’acquiert progressivement de l’école élémentaire au collège (cycle 3 et cycle 4).

 

Qu’est-ce qu’une compétence ?
Une compétence est un potentiel de ressources que nous sommes capables de mobiliser dans une situation qui demande réflexion, décision, action.

Une compétence est composée de 3 éléments qui interagissent : les connaissances (à acquérir dans le cadre des enseignements disciplinaires), les capacités ou savoir-faire (ce sont les aptitudes à mettre en œuvre les connaissances), les attitudes (ouverture aux autres, goût de la recherche, respect de soi et d’autrui, curiosité, autonomie, …).

Notre vie quotidienne est faite de situations qui nous demandent de développer et de mettre en œuvre des compétences. Ainsi, « conduire une automobile » est une compétence qui demande de maîtriser des connaissances (connaître les panneaux, le sens de circulation, …), des savoir-faire (embrayer, passer une vitesse, serrer le frein à main, …) et des attitudes (courtoisie, respect, responsabilité, civisme,…).

Les apprentissages menés dans le contexte scolaire ont les mêmes finalités ; rendre nos élèves autonomes face à une situation qui demande réflexion, décision, action (situation que nous appelons tâche complexe), faire en sorte qu’ils soient capables de choisir (attitude) entre différentes stratégies (savoirs et savoir-faire) pour réaliser une tâche qu’ils ne connaissent pas mais pour laquelle ils ont été formés.

Le professeur crée ainsi des situations d’évaluation dans lesquelles l’élève

 

2) Car, les professeurs travaillent et évaluent déjà par compétences

Depuis la rentrée 2017, tous les élèves de 6ème travaillent et sont évalués par compétences couleurs. En effet, la 6ème est regroupée dans le cycle 3 avec les cm1 et les CM2 et les écoles travaillent aussi par compétences.

Pour le cycle 4 (de la 5ème à la 3ème), la progression des élèves était indiquée par des notes et étaient accompagnées aussi par des évaluations en couleurs. Il y avait donc un mix des deux démarches qui sont très différentes qui ne permettait pas de se focaliser sur l’évaluation par compétences et ainsi mieux la maîtriser.

 

Avant  Maintenant
Préparation de cours

Les programmes comme point de départ (répartition des connaissances à acquérir)

 

Se fixer quelques grands objectifs dans un chapitre, formulés avec des verbes à l’infinitif

 

Evaluer (évaluation formative, sommative basées sur un barème)

Les programmes comme point de départ mais déclinés en compétences à faire acquérir pour réaliser une tâche complexe

 


Une grille d’évaluation qui explicite les attendus (critères de réussite) remplie au fur et à mesure des activités

 

Avant  Maintenant
Pendant le cours

Apprentissage de connaissance

 

Apprentissage de savoir-faire

Apprentissage de connaissances au service d’une tâche à réaliser (tâche complexe)

Exercices pour savoir mobiliser ces connaissances et ces savoir-faire dans tout autre situation

 

Avant  Maintenant
Evaluation

On part de 20 et on retire des points à chaque fois qu’une erreur est constatée

 

On est dans une évaluation sanction

 

On part d’un idéal de la perfection pour un élève évalué

Apprentissage de savoir-faire

On part de 0 et on cumule des points pour atteindre un niveau qui correspond à ce qui est observé dans la copie. Ainsi, si la tâche complexe est réussie au regard des critères d’évaluation déterminées au préalable, alors le niveau atteint peut être maximum, même si le devoir n’est pas idéal ou parfait

 

Exercices pour savoir mobiliser ces connaissances et ces savoir-faire dans tout autre situation

Derrière une même note, on trouve des aptitudes et des défaillances différentes.

Devoir noté Devoir noté par compétences
Devoir standard Devoir 1 Devoir 2

Une note sur 20


Une appréciation

Eventuellement, une recommandation

La note totale dépend du barème de chaque exercice

Des annotations et remarques dans la marge

Connaissances : restituer la leçon Orange (début de maîtrise) Vert
’informer à partir d’un texte Vert (maîtrise satisfaisante) Jaune
Raisonner : savoir formuler une conclusion Jaune (maîtrise fragile) Orange
Communiquer : écrire lisiblement et correctement Jaune (maîtrise fragile) Jaune

La note, parce qu’elle est globalisante, ne permet pas à l’élève de constater les points forts et les points faibles de son travail. Bien sûr ils peuvent toujours être signalés sur la copie mais peu d’élèves lisent vraiment les commentaires (ils n’arrivent pas lire, ne comprennent pas ce qu’on a voulu dire, trouvent nos remarques injustes, se contentent d’approuver ou de dénigrer la note et l’image qu’elle leur renvoie…).

Par ailleurs, en fonction de la classe dans laquelle se trouve l’élève, la même note peut être parmi les meilleures ou parmi les moins bonnes alors que l’élève aura fait le même travail. La comparaison aux autres n’aide pas vraiment l’élève à savoir ce qu’il sait faire ou ne pas faire.

L’enjeu de l’apprentissage et de l’évaluation par compétence n’est pas seulement que le professeur se rende mieux compte des erreurs de ses élèves mais qu’il soit en mesure de faire constater à chaque élève où il se situe dans ses apprentissages, quels sont ses atouts et ses points faibles, sur quoi les efforts doivent porter pour améliorer ses compétences, comment les compétences se retrouvent dans les autres matières. Ainsi, travaillant particulièrement une compétence, le gain se fera dans plusieurs disciplines.

3) Car, travailler et évaluer par compétences présentent un intérêt pour l’élève

L’élève peut constater ses faiblesses mais aussi ses atouts et ses progrès. Ainsi, il retrouve, dans une certaine mesure, le goût de l’effort. Il comprend également mieux le résultat obtenu puisque ce dernier correspond à des qualités et des erreurs qu’il peut lui-même observer. La position obtenue est mieux comprise et acceptée parce qu’elle n’est pas discutable. L’élève sait pour quoi et pourquoi il travaille ; ce qu’on lui demande a du sens.

L’évaluation par compétences permet de motiver tous les élèves. En effet les élèves les plus à l’aise vont chercher à atteindre le niveau très bonne maîtrise qui correspond à un niveau supérieur aux attendus. A l’inverse sur un contrôle, les plus en difficultés seront valorisés et encouragés par les résultats sur les compétences qu’ils maîtrisent mieux (alors que la note aurait été systématiquement mauvaise). Ils seront donc moins facilement étiquetés « mauvais élève » par les camarades puisque ce système limite la comparaison entre élèves au profit d’un positionnement personnel par rapport aux attendus.

Les élèves ne seront nullement pénalisés par l’abandon des notes puisque le contrôle continu pour l’obtention du Brevet des Collèges et l’affectation dans les lycées ne prennent en compte que cette évaluation par compétences couleurs

4) Car, travailler et évaluer par compétences présentent un intérêt pour le professeur

Le professeur conçoit plus rapidement des remédiations et les rend plus efficaces puisqu’il cible mieux les difficultés de ses élèves. Il limite ses commentaires sur les copies puisque la grille est suffisamment détaillée pour ne pas avoir à répéter ce qui peut être observé. La position qu’il attribue est plus objective et il n’hésite plus dans sa évaluation. Sa pratique gagne en clarté ce qui est apprécié par tous.

Sans que cela demande un travail supplémentaire énorme au professeur, il est possible d’individualiser les « objectifs » de l’élève en lui faisant repérer un point faible dans la grille d’évaluation de sa copie. Si des efforts raisonnables ont été produits et qu’ils se traduisent dans le devoir suivant par une amélioration des performances concernant le point faible repéré, on peut lui attribuer un bonus. Ainsi, le travail de l’élève est dans une certaine mesure individualisé et cela n’alourdit pas la charge de travail du professeur.

5) Car, travailler et évaluer par compétences présentent un intérêt pour les familles

Ce système permet aux parents de connaître précisément les difficultés de leur enfant dans chaque matière (les compétences qui sont maîtrisées, celles qui sont plus fragiles) et de pouvoir y remédier.

Il n’est pas plus difficile pour les parents de savoir quand féliciter son enfant, ou, quand ne pas mettre une pression irréaliste sur ce qui reste un apprentissage, donc un droit à l’erreur et au progrès. Les textes officiels demandent à ce que les élèves aient au minimum le niveau Maîtrisé (vert) pour chaque compétence de fin de cycle. Les parents peuvent donc être satisfaits de leur enfant quand il obtient à des items Maîtrise Satisfaisante ou Très Bonne Maîtrise et surveiller davantage son travail quand l’enfant obtient maîtrise fragile ou maîtrise insuffisante.